CAMEROUN - Actualité (1990-1996)

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République du Cameroun

Politique intérieure

Le 5 décembre 1990, l’Assemblée nationale adopte une loi qui instaure le multipartisme, mais interdit tout recrutement de militants sur une base ethnique ou régionale.

Le 1er mars 1992 ont lieu les élections législatives. Les principaux partis d’opposition ont appelé à boycotter le scrutin. La participation est de 60,58 p. 100, mais le tiers seulement de la population est inscrit sur les listes électorales. Avec 88 sièges sur 180, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, ex-parti unique du président Paul Biya, ne dispose que de la majorité relative. L’Union nationale pour la démocratie et le progrès du Peul Maïgari Bello Bouba effectue une percée en obtenant 68 sièges.

Le 11 octobre se déroule la première élection présidentielle pluraliste de l’histoire du pays. Le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a pour adversaires l’anglophone John Fru Ndi, chef du Social Democratic Front, et Maïgari Bello Bouba. Les résultats tardent à être publiés et l’opposition, déjà désavantagée par le caractère anticipé de la consultation et le scrutin à un tour, dénonce des fraudes. Le 20, John Fru Ndi proclame sa victoire. Le 23, la Cour suprême annonce la réélection de Paul Biya, avec 39,9 p. 100 des suffrages. John Fru Ndi en obtient 35,9 p. 100 et Maïgari Bello Bouba, 19,2 p. 100. Le taux de participation s’élève à près de 72 p. 100. Des émeutes immédiatement réprimées éclatent dans les bastions de l’opposition.

En novembre 1994, après 2 années d’un immobilisme politique illustré par ses fréquentes absences de la capitale, ou même du pays, le président Biya met en place des assises nationales en vue de démocratiser les institutions. Boycottée par l’opposition, cette initiative aboutit à un projet de Constitution peu différent de la Loi fondamentale en vigueur depuis 1972.

Le 18 janvier 1996 est promulguée la Constitution révisée que le Parlement a adoptée en décembre 1995. Elle crée un Sénat dont 30 p. 100 des membres sont nommés par le chef de l’État, ainsi qu’une Cour constitutionnelle; elle transforme les provinces en régions dotées de la personnalité juridique; elle rend le gouvernement responsable devant le Parlement et limite la durée du mandat présidentiel – renouvelable une seule fois – à sept années. Le 21, les élections municipales sont remportées par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir, qui contrôle plus de la moitié des municipalités, principalement dans le centre et le sud du pays. L’opposition anglophone du Social Democratic Front de John Fru Ndi l’emporte dans l’Ouest et l’Union nationale pour la démocratie et le progrès de Maïgari Bello Bouba dans le Nord.

Le 27 février, le gouvernement nomme des délégués chargés d’administrer, aux côtés des conseils élus, les 11 premières villes du pays, dont 8 contrôlées par l’opposition. Celle-ci organise, en guise de protestation, une journée «ville morte», en mai.

Le 19 septembre, le président Biya nomme Peter Mafany Musonge, considéré comme un technicien, Premier ministre.

Vie économique

En 1990, le pays est affecté par le niveau toujours très bas du prix de ses principales denrées d’exportation, le cacao et le café, et par les conséquences sociales des mesures d’ajustement économique. La paralysie du système bancaire et la mise en sommeil des entreprises étrangères, condamnées par les impayés de l’État, ne laissent guère de champ pour une reprise de l’activité. Les relations avec le F.M.I. et la Banque mondiale sont suspendues, Yaoundé ne parvenant pas à se conformer à ses obligations, notamment au sujet de l’équilibre budgétaire. La hausse du prix du pétrole permet finalement au pays de raffermir sa position.

En 1993, les relations de Yaoundé avec les institutions financières internationales se dégradent. En mars, la Banque mondiale suspend ses concours, en raison des retards de paiement du Cameroun. Paris accorde une nouvelle aide financière afin de permettre au pays d’honorer ses engagements. Le F.M.I. renonce à l’octroi d’un crédit stand-by après avoir constaté le manque de progrès dans les réformes annoncées par le gouvernement. Le budget voté le 29 juin, qui sacrifie les secteurs capables de stimuler les investissements, n’est pas de nature à remédier à la situation.

Le 11 janvier 1994, sous la pression de la France et du F.M.I., les dirigeants des 14 États africains appartenant à la zone franc (Bénin, Burkina, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo), réunis à Dakar, annoncent la dévaluation de 50 p. 100 du franc CFA et de 33,3 p. 100 du franc comorien. Destinée à assainir l’économie et à relancer la croissance dans ces pays, cette décision a été rendue nécessaire par l’absence de politique d’ajustement interne de leur part après l’effondrement des cours des matières premières. Paris promet de participer à l’allègement de la dette, au financement des programmes conclus avec le F.M.I. et à l’«accompagnement de l’ajustement» dans les pays de la zone.

Mais le plan d’ajustement structurel adopté en mars est abandonné en juin, le pays ne satisfaisant pas à ses obligations.

En milieu d’année, les premiers effets favorables de la dévaluation du franc CFA se font sentir sur les exportations.

En avril 1995, le Cameroun bénéficie d’un rééchelonnement de dette de la part de plusieurs partenaires. En juin, Yaoundé annonce une accélération du programme de privatisations et présente son plan de compression des effectifs de la fonction publique. En septembre, le F.M.I. accorde au Cameroun un crédit de 101 millions de dollars destiné à soutenir son programme économique pour 1995-1996. Le respect de ce programme conditionne la signature avec le F.M.I. d’un plan d’ajustement renforcé de 3 ans.

En 1996, le ralentissement de la croissance rend encore plus important le poids de la dette extérieure – plus de 4 000 milliards de francs CFA – et de la dette intérieure – quelque 1 000 milliards de francs CFA.

Relations internationales

En février 1994, un conflit frontalier oppose le Cameroun au Nigeria, à propos de la péninsule de Bakassi, riche en poisson et en hydrocarbures. Après une tentative de médiation du président togolais Eyadéma au début de mars, le Cameroun porte l’affaire devant la Cour internationale de justice le 29.

Le 1er novembre 1995, le Cameroun devient membre du Commonwealth, ce qui a pour conséquence d’aviver les revendications séparatistes des provinces anglophones de l’Ouest.

En mars 1996, la tension renaît entre le Cameroun et le Nigeria au sujet de la péninsule de Bakassi.

Du 8 au 10 juillet, Yaoundé accueille le sommet de l’O.U.A.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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